Au Royaume-Uni, le meurtre de Sarah Everard provoque un débat inédit sur les violences faites aux femmes


Manifestation contre les violences faites aux femmes après le meurtre de Sarah Everard, sur le pont de Westminster à Londres, le 15 mars.

Un terrible fait divers provoque un débat inédit au Royaume-Uni sur les violences faites aux femmes, déstabilise la police et rencontre le gouvernement de Boris Johnson au défi d’agir. Le 3 mars, Sarah Everard, une femme de 33 ans, disparaît dans le quartier de Clapham (sud-ouest de Londres) en rentrant à pied, de nuit, d’une visite chez un ami. Son corps est identifié, le 10 mars, dans un sous-bois du Kent (sud-est de l’Angleterre), alors qu’un policier attaché à la sécurité du palais de Westminster est inculpé: il est soupçonné d’avoir kidnappé et tué la jeune femme.

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Ce drame suscite d’abord un déluge de témoignages sur les réseaux sociaux, des femmes de tous horizons et de tous âges expliquant leur ras-le-bol de vivre dans un pays où il n’est toujours pas sûr de sortir seule la nuit.

Samedi 13 mars, les Londoniens rendent hommage à Sarah Everard, à Clapham Common, un parc du quartier où elle a été vue pour la dernière fois. Même la duchesse de Cambridge fait discrètement le déplacement, un bouquet de fleurs à la main.

«Nous ne serons pas réduites au silence»

En soirée, une manifestation de soutien est organisée, l’avis contre du Metropolitan Police Service (MET, la police du Grand Londres), qui invoque le confinement toujours en cours au Royaume-Uni et l’interdiction des rassemblements. Quelques centaines de personnes se pressent dans le calme avec des bougies dans les mains.

La police intervient, plus fermement que d’habitude, et arrête trois manifestantes. L’une d’entre elles est menottée, visage à terre sous les flashs des photographes. Entraver des femmes qui défilent contre les violences faites aux femmes? Les clichés font immédiatement scandale, et les appels à la démission de Cressida Dick, la chef du MET, se multiplient. Cette dernière refuser, expliquant «Penser aux agents de police». «Ils font la police pendant une pandémie, les gens qui les critiquent assis dans leur fauteuil en disant qu’ils doivent faire différemment ont tort», at-elle ajouté.

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Le premier ministre, Boris Johnson, lui renouvelle sa confiance, mais, face à l’opposition travailliste qui dénonce la réaction jugée disproportionnée des forces de l’ordre, se dit «Profondément préoccupé» par les scènes de la veille. Les manifestations se sont poursuivies dimanche, sans que la police intervienne cette fois.

Lundi 15 mars, il y avait encore beaucoup de monde – quelques milliers de personnes – sur la place du Parlement, juste en face du palais de Westminster. Une foule très jeune, brandissant des pancartes sur mis on peut lire «Le silence ne nous protégera pas! »,« Nous ne serons pas réduites au silence »,« Abolissons la police », se presse sous la statue de l’écrivaine et suffragette Millicent Fawcett, avant de s’installer sous les fenêtres de Scotland Yard.

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