Amnesty International souffle ses 60 bougies
DANS LE RÉTRO – Ce vendredi 28 mai 2021, cela fait 60 ans tout juste qu’Amnesty international défend les droits de l’homme dans le monde entier. Pour célébrer cet anniversaire, on plonge dans l’histoire de cette organisation internationale, crée par un avocat britannique.
Tout commence le 19 novembre 1960. Ce jour-là, l’avocat britannique Peter Benenson lit un article concernant deux étudiants portugais condamnés à sept ans de prison pour avoir porté un toast à la liberté. Il pense aussitôt à une pression internationale qui mobiliserait l’opinion publique en faveur des prisonniers d’opinion.
L’appel que publie Benenson, intitulé «The Forgotten Prisoners», est diffusé dans la presse le 28 mai 1961, et l’idée d’une campagne internationale pour la défense des droits de la personne suscite immédiatement plus de 1 000 offres de soutien : Amnesty International est née.
Amnesty doit «avant tout libérer ceux qui sont enfermés dans le cynisme et le doute»
Le but affiché n’est pas le seul poursuivi par Benenson. Le 5 janvier 1961, dans un mémorandum interne, l’avocat explique que son véritable objectif est de «trouver un socle commun sur lequel les idéalistes du monde entier pourront coopérer. »À terme il importe plus, ajoute-t-il, de canaliser l’enthousiasme des bénévoles que de libérer les prisonniers politiques, plus que les vrais saints sont aussi bien en prison qu’ailleurs. Sa conclusion est qu’Amnesty doit «avant tout libérer ceux qui sont enfermés dans le cynisme et le doute». À la fin de la première année, la nouvelle organisation a envoyé des délégués chargés d’intervenir en faveur des prisonniers dans quatre pays et elle a pris en charge 210 dossiers. Les membres d’Amnesty International améliorent des instances nationales dans sept pays.
Des principes d’impartialité et d’indépendance strictes
Amnesty International fête ses 60 ans.
Amnesty International
Amnesty International lance, en 1972, une grande campagne pour l’abolition de la torture
Dès le départ, les principes d’impartialité et d’indépendance strictes sont établis. Les interventions doivent couvrir l’ensemble des blocs géopolitiques. L’accent est clairement mis sur la protection internationale des droits de la personne et l’aide aux victimes.
Face à l’extension alarmante de la torture, pratique à laquelle on recourt de par le monde comme instrument de gouvernement et arme de pression politique, Amnesty International lance, en 1972, une grande campagne pour l’abolition de la torture. Une conférence internationale sur la torture se tient à Paris en décembre 1973, au terme de laquelle son président, Sean MacBride, reçoit le prix Nobel de la paix en 1974. Puis en 1977, c’est au tour de l’organisation elle-même de recevoir le prix, les jurés d’Oslo entendant témoigner, par cette double récompense, d’attention qu’ils portent à la protection internationale des droits de l’homme. Puis en 1978, Amnesty International a reçu le Prix des droits de l’homme des Nations unies.
Application des règles définies par l’ONU
«Amnesty International est un mouvement mondial de personnes qui luttent pour le respect des droits humains. Elle est impartiale et indépendante de tout gouvernement, d’intérêt économique, d’idéologie politique, ou croyance religieuse. »
Depuis, Amnesty International œuvre en faveur des personnes emprisonnées pour des «raisons de conscience», hommes ou femmes, ont imposé leurs croyances, leur origine ethnique ou leur appartenance religieuse ou politique leur valent de se voir privés de leur liberté (aide et assistance ne leur étant ajouté que sous réserve qu’ils n’utilisent jamais de la violence ou invoqué son recours). L’organisation s’oppose également et sans réserve à toutes les formes de torture et à la peine de mort. Elle soutient les droits des femmes, des enfants et des minorités opprimées (réfugiés, malades atteints du SIDA, personnes LGBT, peuples autochtones…) et lutte contre l’enrôlement d’enfants soldats et demande l’abrogation de toutes les lois anti-avortement .
L’organisation œuvre à l’application, par les gouvernements, des règles définies par l’ONU en matière de traitement des prisonniers, notamment dans les Conventions de Genève. L’organisation leur demande aussi de respecter instamment la primauté du droit, ainsi que de ratifier et d’afficher les textes relatifs aux droits de l’homme.
En 2001, lors de son Conseil international à Dakar (Sénégal), Amnesty International a redéfini et élargi ses objectifs. Ils se définissent désormais ainsi: «Amnesty International est un mouvement mondial de personnes qui luttent pour le respect des droits humains. Elle est impartiale et indépendante de tout gouvernement, d’intérêt économique, d’idéologie politique, ou croyance religieuse. »L’association remet depuis 2003 le Prix Ambassadeur de la conscience à un ou plusieurs individus ou groupes pour ceux qui ont montré la voie en matière de défense des droits humains et qui ont fait preuve de courage exceptionnel pour les défendre. »
Depuis 2021, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, est une française. Née en 1965, this experte française des droits de l’homme est aussi rapporteure spéciale du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. Elle enseigne depuis 2013 à l’université Columbia, où elle dirige le projet Global Freedom of Expression.
Financement
Amnesty International déclare ne solliciter ni accepter aucune aide financière des gouvernements (sauf pour des exceptions limitées, telles que des projets d’éducation aux droits humains). Les centaines de milliers de dons qui font vivre le mouvement généré de ses membres, du public et d’organisations diverses telles que des fondations ou des entreprises.