A Quimper, le dialogue comme autre sport de contact dans le quartier de Kermoysan – Quimper




«Ah, bonjour! »Faisant étape au bar d’Enguéran et Valérie Lagadec, la maire de Quimper affiche une surprise et un sourire non feints. «C’est mon ancien voisin», se retourne-t-elle tout sourire. L’échange avec l’homme d’une soixantaine ne dure que quelques secondes, mais il apparaît sincère. Accompagnée de Claude Le Brun, maire délégué au quartier de Kermoysan, Isabelle Assih vient de quitter la salle du Terrain-Blanc et le pôle enfance de QBO où elle a rencontré les équipes. Le contact avec les commerçants s’annonce un peu moins «crème». Mais l’élue y va de son naturel habituel, armée d’une capacité d’écoute et d’une connaissance des lieux, pour y avoir travaillé treize ans.

Visite des élus dans le Quartier de Penhars-
Claude Le Brun et Isabelle Assih ont longuement échangé avec une des équipes de vigiles missionnées par la société Carrefour pour assurer la sécurité aux abords de la grande surface du centre commercial depuis décembre. (Le Télégramme / Olivier Scaglia)

Une voiture de police patrouille rapidement sur le parking du centre commercial au moment ou l’aréopage pénètre dans la galerie marchande. Non sans susciter une forme de curiosité, bousculant un peu les habitudes – toutes les habitudes – qui se sont installées là. Isabelle Assih se dirige vers les deux vigiles sécurisant le supermarché et ses abords depuis décembre. L’échange, direct et franc, laisse comprendre que le dispositif serait maintenu jusqu’à la fin du mois de mars au moins.

L’élue en profite pour rappeler la création d’une police municipale déployée à la fin du printemps. Elle le redira quelques minutes plus tard à Didier et Martine Jounier. À la faveur d’un échange d’abord conduit à huis clos dans le bureau des gérants du supermarché. Puis devant les journalistes, dans les rayons de la grande surface que le couple tient ici depuis vingt ans.

«C’est un beau quartier, il ne faut pas le laisser sombrer»

«Nous partons à la retraite. Personne ne veut reprendre le magasin », pose calmement, comme à son habitude, Didier Jounier. «Si l’on n’était pas dans le contexte que l’on connaît ici, le chiffre d’affaires serait bonifié de 20% à 30%». Par «contexte», comprendre «trafic de stupéfiants». «On ne peut pas laisser un quartier sombrer comme ça», commente encore le commerçant qui lui reconnaît des atouts: «C’est un beau quartier. On connaît des riverains par leur prénom. Il y a une vraie vie ». Isabelle Assih écoute et opine du chef avant de développer un argumentaire sur l’intervention concertée et déterminée de la police, de la justice et de la municipalité.

Visite des élus dans le Quartier de Penhars-
La maire accompagnée d’autres élus ont courtoisement échangé avec Karl Chastel et son épouse Maryline. (Le Télégramme / Olivier Scaglia)

Car le ras-le-bol, pour ne pas dire la courtoise tension, la maire aura pu la palper un peu dans la boucherie-charcuterie-traiteur impeccablement tenue des époux Chastel. Le contact est établi. Le dialogue va venir. «On trouvera un autre moyen de s’exprimer sinon», promet Marilyne Chastel sans se départir de son sourire. «Ne vous inquiétez pas, nous allons en parler entre femme», lui répond Isabelle Assih en plaisantant à moitié seulement.

Visite des élus dans le Quartier de Penhars-
Les élus ont poursuivi leur périple dans le quartier sur le chantier de la place d’Ecosse. Ayse et Seher, deux mamans du quartier, sont des salles d’échangeur avec eux à propos du futur aménagement des espaces verts et de jeux à aménager entre les blocs de logements en cours de restauration. (Le Télégramme / Olivier Scaglia)

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«Coordonner les efforts contre la délinquance»

La vie du quartier ne peut pas se résumer à la délinquance qui le traverse parce qu’il s’y passe autre chose: à travers ce que les habitants sont et portent de lumineux, malgré les difficultés sociales et les égarements. Mais, notamment du fait de trafics de stupéfiants installés ici (et essaimant au Braden selon les observateurs), l’espace vital qu’est celui du droit de chacun est remis en cause. «Une peur commence à s’enraciner. Il faut que ça s’arrête », témoigne un des commerçants.

Forces de l’ordre et justice

«Nous allons continuer à coordonner les efforts», a redit la maire en évoquant d’abord le Groupe de police opérationnel placé ici sous la responsabilité du commissaire Trupin et qui voit les forces de l’ordre et la justice collaborer collaborer pour apporter une réponse répressif sans ambiguïté. «La lutte contre les stupéfiants est une priorité. Et pas qu’ici »a définitivement redit Isabelle Assih. Cela passera par plus de présence policière et une réaction rapide de la justice. Mais il faut aussi s’ancrer dans la durée. Ne pas lâcher ».

La co-construction comme levier de prévention

Un tout répressif? «Non», répond la nouvelle élue. «En identifiant, les délinquants il sera aussi question de voir en lien avec les services sociaux où sont les pantalons dans la raquette». «Plus d’éducateurs dans les rues? Si on identifie des secteurs où il y a un besoin, on regardera. Mais je crois plus dans la force de projets fédérateurs englobant les gens et tout particulièrement les jeunes dans un projet constructif ». Et d’évoquer une piste: «Pourquoi ne pas mettre ses jeunes dans des situations d’embellissement du quartier? Les écoles ont engagé une démarche. Pourquoi ne pas les y associer? Certains me demandaient un fast-food tout à l’heure lors d’un échange rapide à la sortie du centre commercial. Pourquoi ne pas réfléchir ensemble, par exemple, à l’idée d’un restaurant solidaire dans lequel ils seraient très utilisés? »



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